Avec 596 listes aux municipales, le FN bat son record historique de 1995, un succès pour Marine Le Pen toutefois entaché par plusieurs polémiques.
La patronne du FN a réussi son pari : il y aura 546 listes dans les communes de plus de 3.500 habitants (« en dessous de 3.500 habitants, les élections ne sont absolument pas politisées »), soit dans à peu près une commune sur cinq, alors que son objectif était fixé à 500.
« Je suis évidemment très satisfaite, c’est la démonstration que le FN va très bien, qu’il est en très belle dynamique, qu’il s’implante dans les territoires », s’est félicitée Mme Le Pen, en déplacement à Forbach (Moselle).
En 1995, avant la scission mégrétiste, la formation alors présidée par Jean-Marie Le Pen avait présenté 512 listes dans les communes de plus de 5.000 habitants, contre 517 en 2014.
« Pour le FN, c’est une victoire, c’est au-dessus des pronostics qui avaient été faits, et ça permet de traduire cette stratégie qui est de susciter un réseau d’élus locaux en investissant massivement les conseils municipaux », note Sylvain Crépon, chercheur spécialiste du FN.
31,8% de la population française aura ainsi des bulletins FN le 23 mars prochain, même si le FN ne sera présent que dans… 6% des communes de plus de 1.000 habitants.
A titre de comparaison, alors que le PS annonce des listes dans toutes les villes de plus de 10.000 habitants, le FN n’en aura que dans 43% d’entre elles.
Le parti de Marine Le Pen a ainsi perdu en route près de 200 listes qui n’ont pu être constituées jusqu’à leur terme.
« Le mode de scrutin, le nombre de personnes qu’il est nécessaire de rassembler pour monter une liste, la question de la parité rendent difficile la présence aux municipales des formations émergentes », remarque Jean-Yves Camus, chercheur spécialiste de l’extrême droite.
Mais il y a aussi « des trous dans le maillage territorial » du FN, note-t-il, malgré une « implantation en hausse » dans l’Aquitaine, les Midi-Pyrénées ou le Poitou-Charentes et un résultat global « très honorable ».
Certains départements sont « bastions » (Var, 36 listes FN, Nord 32, Bouches-du-Rhône 30, Hérault 28, Pas-de-Calais 26), d’autres sont vides: Haute-Saône, Cantal, Lot, Jura et Haute-Corse n’auront pas de listes FN.
– Une méthode de recrutement douteuse –
Le parti n’a pourtant pas ménagé ses efforts, proposant par exemple à des candidates d’utiliser leur nom de jeune fille ou démarchant ardemment les habitants ayant répondu à des questionnaires FN.
A tel point que des doutes ont émergé ces derniers jours sur la méthode de recrutement des colistiers.
En Seine-Maritime, à Grand-Quevilly, la liste FN a été retirée par la préfecture car 22 candidats « malgré eux » sur 35 ont demandé leur retrait. A Elbeuf, six ont porté plainte, trois à Harfleur et un à Lillebonne.
A Orléans, un couple de nonagénaires a été inscrit à son insu sur la liste du parti d’extrême droite, tandis qu’une enquête préliminaire a été ouverte à Montbéliard (Doubs) concernant deux inscriptions suspectes.
Le FN dénonce de son côté des « pressions » sur ses colistiers de la part d’équipes municipales et annonce des plaintes « dans les prochaines heures ou jours ».
La tête de liste FN à Brest Alain Rousseau a écrit sur son site de campagne que « l’anathème » contre les colistiers FN « rappelle certains épisodes détestables où nos chers compatriotes épinglés de l?étoile jaune se sont trouvés acculés, emprisonnés et décimés. »
Autre type de problème à Nevers, où une candidate FN s’affiche sur Facebook avec un drapeau nazi, un geste « condamné » par la tête de liste frontiste.
Alors que seuls environ 20% des colistiers sont adhérents FN, selon le directeur de la campagne pour les municipales Nicolas Bay, celui-ci a fait un distingo entre différents types de communes.
Il y a les dix à quinze villes « gagnables » d’après le FN, par exemple Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Brignoles et Fréjus (Var), Carpentras (Vaucluse), Beaucaire et St-Gilles (Gard), où le FN peut selon lui gagner et « où souvent les équipes sont très solides, structurées, étoffées ».
Dans la grande majorité des autres, « l’objectif premier est d’être présent au conseil municipal ». Le job des colistiers? « Permettre l’existence d’une liste FN ».
Le secrétaire général du FN Steeve Briois a quant à lui déclaré à l’AFP que le FN n’avait « pas toujours le recul nécessaire pour s’assurer » du profil « des deux-trois candidats de dernières minutes ».
Municipales: record historique de listes pour le FN, terni par des polémiques
07 vendredi Mar 2014
Posted News
in